L'importance du cadre thérapeutique

Ici, nous parlerons du cadre thérapeutique qui permet d’organiser le processus d’une cure d’orientation psychanalytique. Le cadre permet d’assurer une contenance et une sécurité aux patients, afin qu’ils puissent livrer le plus intime d’eux-mêmes.

Le cadre permet alors au patient de s’autoriser « La Règle Fondamentale », c’est à dire est celle de « l’association libre », soit dire tout ce qui lui vient à l’esprit ; même ce qui lui parait futile, absurde ou déplaisant. Le psychologue peut alors mettre au travail son écoute analytique et ses références théoriques afin de traiter les causes des souffrances psychiques en trouvant leur sens, leur origine, leur histoire et leurs significations.

Le cadre sous-tend la confidentialité des séances et elle doit être irréprochable. En effet, la contrepartie de l’exigence de sincérité liée à « la règle fondamentale », est la discrétion absolue du psychologue sur le contenu des séances. Cette confidentialité est associée au secret professionnel auquel le psychologue est également soumis.

Pour cela, le psychologue se doit de limiter les relations avec les proches du patient mais également de lever la confidentialité, uniquement, si des faits de la réalité indiquent un danger pour le patient ou autrui.

Le cadre comprend également le dispositif : patient et psychologue se trouvent en face à face, ou le patient est allongé et le psychanalyste assis derrière lui. Le dispositif peut évoluer au cours de la cure, en étant toujours pensé en amont. Il est là pour faciliter le patient à parler et à associer librement afin de mobiliser et élaborer les situations émotionnelles présentes, passées et même oubliées.

Le cadre inclus également les conditions convenues entre le psychologue et le patient, lors de leur rencontre. Il s’agit de la durée, de la fréquence des séances ; mais également des honoraires.

Jean-Bernard Pontalis disait « Il n’y a qu’au psychologue et analyste, à qui on pose la question : pourquoi doit-on vous payer ? Hors dans notre société, toutes activités, tous travails, tous services sont honorés par de l’argent ». Le psychologue, à travers son écoute, ses analyses et ses interprétations, travaille avec et pour le patient. Il n’est pas un sauveur, ni un mécène. De plus, en thérapie, la question de l’argent n’est pas qu’une question pécuniaire. Régler sa séance, c’est aussi s’assurer que le psychologue soit à la place du garant d’une parole donnée/ déposée.

Dans les conditions du cadre, s’inscrit le règlement des séances manquées, non remplacées. Freud disait « Pour ce qui est du temps [d’une séance], je suis exclusivement le principe de la location d’une heure déterminée. Chaque patient se voit attribuer une certaine heure dans la disponibilité de mes journées de travail ; cette heure est sienne, il en reste redevable, même s’il ne l’utilise pas ». 1931, p167, « L’engagement du traitement ».

Le travail psychique n’est pas facile pour le patient et amène des résistances conscientes et inconscientes qui peuvent se mettre en acte (oubli de séance, autre rdv à l’heure de la séance etc…). Afin de pouvoir penser ses résistances, elles ne doivent pas être prise dans une dette rejouée entre le psychologue et le patient.

Pour conclure, le cadre thérapeutique est un « cadre externe » et permet l’instauration d’un espace propice à la pensée et l’analyse permettant la résolution des souffrances psychiques. Il vient s’associer au « cadre interne » du psychologue. Ce dernier est au service du fonctionnement psychique du patient. Il est caractérisé par l’intérêt du psychologue pour le fonctionnement psychique inconscient, refoulé ou clivé du patient. Ce cadre est nourri par les savoirs théoriques et cliniques du psychologue.

Ainsi, les cadres thérapeutiques externes et internes du psychologue permettent les conditions nécessaires à l’instauration d’une confiance, d’une liberté de pensée, d’une écoute au service de la guérison psychique.

Marie Lebaleur

Psychologue clinicienne

avril 2024